Les coops et négoces en soutien aux manifestations des agriculteurs
Au-delà des retournements de logos et des messages de solidarité sur les réseaux sociaux, les marques de soutien se sont multipliées ces derniers jours de la part des coopératives et négoces. Reportage, jeudi 1er février, au niveau du point de blocage de Chilly-Mazarin (Essonne) sur l’A6.
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Corinne Bonnet vient manifester depuis lundi sur le point de blocage de l’autoroute A6 à Villabé, déplacé à Chilly-Mazarin (Essonne) dans la journée de mardi. La présidente de Terres Bocage Gâtinais y vient en tant qu’agricultrice, pour « sauver notre peau », mais aussi comme présidente de coopérative, parce que « nous sommes intimement liés ». La coopérative a d’ailleurs ravitaillé en début de semaine le camp de base avec 100 baguettes de pain (fabriquées avec de la farine issue des Moulins Bourgeois), des rillettes, des saucisses, du jambon blanc, des gâteaux… « Mais que des produits français. » Ce jeudi 1er février, Corinne Bonnet a rapporté un sac de victuailles, cette fois-ci « avec ses deniers personnels ».
Pain, viennoiseries, barbecue…
Plus tôt ce matin, et comme tous les matins depuis le début du mouvement, Jean-Marc Foucher, président d’Île-de-France Sud, avait également livré pain et viennoiseries, en donnant rendez-vous à un agriculteur à quelques kilomètres du point de blocage. Puis il a filé sur le point de blocage de Janvry, sur l’A10. « Je m’y rends en tant qu’agriculteur mais aussi pour montrer le soutien de la coopérative, même si je n’y vais pas étiqueté Île-de-France Sud. »
À l’heure du déjeuner, une fourgonnette de 110 Bourgogne, conduite par Maxime Martret, chef de région Bassée-Gâtinais, emprunte l’entrée d’autoroute condamnée pour venir ravitailler ce point de blocage en saucisses, merguez, vin, pain, fromage… Venu du sud de la Seine-et-Marne, il rejoint Franck Etancelin, administrateur et membre du bureau de la coopérative, présent dans ce convoi depuis le début de la semaine. « Des salariés de la coopérative ravitaillent l’ensemble des points de blocage, informe Maxime Martret. Nous avons pu nous libérer du temps en annulant des rendez-vous ainsi que les comités de région qui étaient programmés cette semaine et la semaine prochaine. » Après avoir livré les provisions, Maxime Martret avait prévu de rester quelques instants avec les manifestants. « Nous sommes en solidarité totale, nous sommes témoins de leurs problématiques au quotidien. »
Solidarité des TC
C’est la raison pour laquelle Tatiana Dewulf, technico-commerciale chez Terres Bocage Gâtinais, fille d’agricultrice mais aussi présidente des Jeunes agriculteurs dans le canton Gâtinais-Est en Seine-et-Marne, est présente avec ses trois casquettes. Elle est d’ailleurs fière de représenter les technico-commerciaux sur ce point de blocage. « On connaît les lourdeurs administratives que les agriculteurs subissent, leurs problématiques d’exploitation, et on est souvent les premiers à qui ils se confient », appuie-t-elle. D’autres TC de coopératives et négoces du sud de l’Île-de-France et du nord de la région Centre-Val de Loire, par exemple d’Agropithiviers, sont venus également apporter leur soutien.
Paul Bidaut, DG du groupe de négoce Issipa, et un certain nombre de ses collègues, des commerciaux notamment, sont passés également ces derniers jours sur les barrages de l’A4, de l’A13 ou de l’A6 pour manifester un mot de soutien, même si la période est plus que chargée chez les distributeurs, en pleine livraison des intrants. « Ce qui exaspère nos clients, c’est l’interdiction de produire, les distorsions de concurrence, et toutes ces réglementations à la noix, rapporte-t-il. Nos politiques ne peuvent pas exiger un retrait des néonicotinoïdes, et importer des centaines de milliers de tonnes de sucres ukrainiens produites avec cette molécule. »
« Rester dans une posture asyndicale et apolitique »
Si certains s’étonnent du manque d’intervention de la part des dirigeants de coops et négoces, « les organismes stockeurs et leur direction ne prennent pas forcément position parce qu’ils veulent rester dans une posture asyndicale et apolitique, répond Laurent Vittoz, DG de Valfrance, joint par téléphone. Pour autant, nos administrateurs vont sur les barrages en tant qu’agriculteurs pour faire entendre leurs revendications ; et cela n’empêche, eu égard à la relation que l’on a avec nos sociétaires et en sympathie avec leur mouvement, que l’on peut tout à fait apporter un soutien logistique et alimentaire. Mais nous le faisons de manière anonyme et non affichée. » Laurent Vittoz était lui-même présent sur un point de blocage de l’A1, ce lundi, aux côtés des agriculteurs : « J’espère de tout cœur que les pouvoirs publics prendront conscience du mal-être agricole. »
« L’objectif n’est pas d’entrer en manifestation avec eux », appuie Paul Bidaut, qui estime que ça pourrait même être contre-productif et leur porter préjudice. « Le plus grand soutien qu’on peut leur apporter, c’est que mon père, Olivier, président du groupe Issipa, est également président de la commission agrofournitures à la FNA et va régulièrement rencontrer le ministre de l’Agriculture. »
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